Changement de nom du collège.

Le principal du collège de Kéranroux, Gilles Cornillet, veut tourner une page d’importance en proposant au vote le changement de nom de l’établissement.

Il symboliserait le tournant opéré depuis quelques années et concrétisé par le meilleur taux de réussite au brevet de tous les collèges publics brestois.

Une entrée sécurisée et réaménagée. Une façade bientôt colorée avec des pans anis et rouge. Une salle de permanence refaite à neuf par le chantier d’insertion Prélude de Guipavas. Un hall propre et fonctionnel, graphique et agréable… Mois après mois, le collège de Kéranroux poursuit un lifting intérieur comme il a accroché rapidement au wagon restreint des collèges connectés. « Aujourd’hui, l’enseignement sur tablette fait partie du quotidien de la majorité des profs », assure le pugnace Gilles Cornillet. Il garantit que se sentir bien, « dans un environnement propre, refait », contribue à la réussite scolaire. « Ce n’est pas pour moi que je le fais, que nous le faisons. Mais il faut faire évoluer ce collège et prendre en route ce que mes prédécesseurs, MM. Favé et Floch, ont initié ». Car Gilles Cornillet est agacé de la sale étiquette qui pendouille aux vieux oripeaux de son collège et qui aurait dû se décoller depuis des lustres. « L’an passé, nous avons eu un seul incident, dans un bus. Le chauffeur a fait descendre tout le monde et nous a appelés. Il a dit « Encore Kéranroux ! ». Mais c’était le premier et le seul ! On fait pareil pour l’Harteloire ? », serre-t-il les dents.

Bientôt le collège de La Fontaine-Margot ?

Alors, le principal du collège a décidé de radicaliser les mesures. « Je me suis rendu compte de deux choses. Un : géographiquement, on est invisible. Personne ne sait où est Keranroux. Deux : quand on dit Keranroux, on pense au réseau d’éducation prioritaire parce que les stats disent que nous avons plus d’élèves boursiers, plus d’élèves avec du retard en sixième. Mais au bout des quatre ans de scolarité, il faudrait songer à regarder ce qui se passe », clame-t-il. Et de montrer une feuille recensant les derniers résultats au brevet. « Voilà : 92 % de reçus. Faites le tour des établissements publics brestois. On est premier. Premier ! », se réjouit-il, en indiquant que les écarts de notes entre le contrôle continu et les écrits du brevet « sont chez nous les plus réduits. Parce que nous sommes justes ». Il balaie du même revers de la main ceux qui sont partis en troisième pro « parce qu’ils ont tous eu le brevet pro et qu’ils avaient un projet. Les cas les plus durs, on les garde et on les gère ». Voici pourquoi il a décidé de demander à tous les usagers de pouvoir changer le nom du collège. Pour casser les faux-semblants et se rattacher au joli quartier qui pointe derrière les murs de Kéranroux. « Je soumets à la consultation des parents, des élèves et du personnel la possibilité de devenir collège de la Fontaine-Margot. Parce que tout le monde sait où c’est, parce que le nouveau quartier sera vert et basse consommation ». Du 16 au 21, sur le logiciel Pronote, votera qui voudra. Les 350 élèves. Leurs deux parents. Les profs. Les personnels. Les AVS. « Tous ceux qui vivent ici ».

Laminer les dérogations

En « républicain et démocrate », Gilles Cornillet se ralliera à la majorité, même s’il admet « être juge et partie. En cas de volonté de changer de nom, je porterai les arguments devant le conseil départemental qui a le mot de la fin ». Pour lui, toutefois, ce changement marquerait la reconnaissance d’une mixité sociale revendiquée et qu’il ne souhaite pas abandonner pour tout l’or du monde. « Moi je veux juste que les 26 % de parents qui demandent des dérogations pour ne pas venir à Keranroux ne soient plus aussi nombreux. On a baissé le taux depuis l’an passé. On va continuer à se battre, à se montrer, à dire que nous réussissons, à reconnaître tout le travail fait ». Actuellement occupé quotidiennement par 350 enfants et adolescents, le collège pourrait en accueillir « une centaine de plus et rester confortable ». À l’aune de la réussite au brevet, on se demande encore pourquoi ce n’est pas déjà fait.

Le principal, M.CORNILLET